Dans les prairies fleuries du printemps, vous trouverez en plein jour un petit papillon étrange qui est fait pour ne pas passer inaperçu. A la différence des autres lépidoptères diurnes, au lieu de joindre les ailes verticalement quand ils ne volent pas, ce papillon en fait un toit qui recouvre son corps. Le bout de ses antennes est massif d’où le nom de son genre zygène, dérivé d’un mot latin grec qui signifie marteau.
Présentation de l’espèce
Les zygènes sont donc tous diurnes. On en compte quarante espèces en France. De petite taille, ils passent beaucoup de temps sur les fleurs (scabieuses en particulier). Les zygènes combinent un bleu vert sombre et métallique à du rouge vif. Ses points rouges sur les ailes antérieurs attirent l’œil quand le papillon butine : pourquoi ? Parce qu’il veut être vu !
Spécificités
Pour ce genre de petites bêtes, le rouge fonctionne comme celui que l’on met le long des routes pour alerter d’un danger. Destiné aux prédateurs insectivores comme les oiseaux et les lézards, il leur signale que la zygène est toxique. Quand elle est capturée, elle émet en effet une substance contenant du curare.
La faune des insectivores semble s’être passé le mot au fil des siècles. Rebuté par son rouge, on épargne le papillon. Celui-ci peut divaguer sans crainte d’où son caractère nonchalant, son vol lourd, sa vie tranquille. Quand les autres papillons s’affolent, vous pouvez rattraper une zygène à la course, voire l’attraper à la main sans difficulté. La plus commune des zygènes de nos prairies et la zygène de la filipendule.
La stratégie de protection dissuasive par le rouge voyant est adoptée par nombre d’insectes ; certaines grenouilles exotiques et même des plantes. Exact opposé du camouflage, ce système de défense se nomme aposématisme. Le sujet émet un signal éclatant pour informer un éventuel prédateur. Chacun y trouve son compte. L’aposématisme sauve les deux vies. Des coccinelles et des punaises fonctionnent ainsi. Leur couleur rouge signale qu’elles sont capables en cas de menace d’exsuder pour les premières ou de projeter pour les secondes une substance toxique.
Menaces
Quelques espèces de prédateurs comme le merle peuvent contourner l’obstacle, en l’avalant avant qu’elle n’ait eu le temps de produire son poison. D’autres ont développé des antidotes, indispensable quand une espèce d’insecte est imbibé par le poison d’une plante toxique dont sa larve s’est nourrie. Certains prédateurs -on a peine à le croire- sont capables d’avaler une proie aposématique puis de vomir le poison dont elle est gorgée.
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